De 1970 à aujourd'hui :
1974 marque la fin du régime fasciste au Portugal, l'indépendance au
Mozambique et en Angola entraînant ces deux pays dans un chaos complet. Smith change son
fusil d'épaule (la peur du marxisme qui se dessine en Afrique Australe lui aurait fait
revoir sa copie ?). Le 11 décembre 1974, aux Vic Falls, John Vorster (sud africain)
Kenneth Kauda (Zambien) persuade Smith d'envisager un cessez le feu. La paix, loin de
s'installer à priori, entraîna une forte émigration blanche, un affaiblissement
de l'économie, et la scission multiple des parties nationalistes. Le 1 mai 1979, Smith
qui a organisé des élections ouvertes aux blancs et aux noirs, cède ses fonctions de Premier
ministre à Muzorewa, un pantin qu'il manuvre plus ou moins en sous main. La
reconnaissance du Zimbabwe Rhodésie ne suscite aucun enthousiasme pour personne.En Angleterre, juste après l'arrivée de Margaret Thatcher comme premier
ministre, celle ci décide d'en finir avec "le problème rhodésien". Une
nouvelle constitution doit être faite et ratifiée au cours d'élection libre et sous
contrôle. Cette constitution doit être acceptable pour les principaux protagonistes, à
savoir Nkomo et Mugabe pour le Front patriotique, Smith et Muzorewa pour le gouvernement.
Après 14 semaines de négociation, l'accord de Lancaster House est signé (avec 20% des
sièges au parlement pour les blancs représentant 3% de la population).
4 mars 1980, Mugabe et la ZANU
remportent 57% des sièges attribués aux noirs (sur 80 donc), la ZAPU se vit attribuer 20
sièges, l'UANC seulement trois. Le 16 avril Robert Mugabe devient Premier ministre du
Zimbabwe indépendant, Canaan Banana est lui, président. Depuis lors, Mugabe, marxiste
convaincu, rêvant de fonder un état socialiste, s'en sort bien en assurant la population
qu'il y a au Zimbabwe de la place pour tous (blancs et noirs). L'élan suscité par
l'indépendance va doper l'économie pendant un temps mais l'heure des conflits ressurgit
avec des luttes de pouvoir entre la ZANU et la ZAPU. La reprise des activités de
guérilla dans le Matabeleland fut immédiatement réprimée par Mugabe en 1983 au
détriment des milliers de civils qui furent tués. Les membres de la ZANU furent
éliminés. Puis, la réconciliation entre ZANU(Shona) ET ZAPU (Ndebele) eut lieu.
Les exemples tragiques de la Zambie, de Tanzanie et du
Mozambique n'ont pas changé le rêve de Mugabe de construire un pays avec un parti
unique. 1988, voit la fin de la représentation du privilège des blancs de posséder 20 %
des sièges au parlement. Divers scandales éclaboussèrent alors le gouvernement
affichant un certain idéal politique qui s'enrichissait de façon frauduleuse dans des
affaires. Certains manifestèrent contre cette corruption de membres du gouvernement, des
manifestations étudiantes furent lourdement réprimées au début des années 90. Des
opposants politiques à la ZANU qui avaient réussi à remporter quelques sièges furent
écrasés par le jeu d'un découpage électoral tendancieux lors des élections de mars
90.
Les blancs du Zimbabwe ne représente aujourd'hui qu'un pour
cent de la population mais ils possèdent un tiers des terres arables et produisent
quelques 40 % du revenu annuel du pays à l'exportation.
Pendant dix ans, de 1980 à 1990, le gouvernement à la recherche de terre pour une
redistribution des richesses, encouragea la vente des fermes blanches contre
dédommagement financier en dollars Zimbabwéens. Cette clause connue sous le nom de
"acheteur et vendeur de plein gré" cessa en 90. Le gouvernement entreprit alors
de redistribuer 50 % les terres d'office. En 92, il entreprend de récupérer 5 millions
d'hectares appartenant à des fermiers blancs pour les redistribuer à 1 million de petits
fermiers noirs (contre une somme dérisoire pour les anciens propriétaires). Ces mesures
ont entraîné une baisse importante du revenu annuel du pays, ces fermes étant
reléguées en deuxième zone de production.
Les derniers évènements de l'an dernier (99), nous font
comprendre que la question, loin d'être terminé, s'est envenimé considérablement au
fil des ans. Le gouvernement a annoncé clairement vouloir récupérer toutes les fermes
blanches, tout en ne souhaitant pas perdre les revenus que cela engendre. Les
propriétaires se sont expatriés, ils ont fui pour la plupart face aux violences. Les
blancs au Zimbabwe n'ont plus que très peu d'avenir. |