Non loin de la charmante ville de
Bulawayo, le national parc de Matobo est un site incroyable, qui s'en bercer dans la magie
noire et l'incantation de Mwari (culte des Shona Zimbabwéens) dégage quelque chose d'un
peu mystique. La configuration du lieu, les formations granitiques sont étranges, elles
sont "lisibles" et on distingue sans effort des formes humaines, des hommes, des
femmes, des enfants. Serait ce la salle de jeu ou l'atelier d'artiste d'une quelconque
divinité ? Les sculptures n'ont rien de très naturelles, les pierres sont empilées
selon un savant équilibre qui semble parfois précaire et qui pourtant tient depuis des
siècles.
Et l'histoire de Matobo n'est pas récente et les Sans s'y promenaient déjà il y
a des milliers d'années. On peut donc visiter leurs uvres pariétales et y
découvrir leurs représentations des rhinocéros blancs et autres animaux qui peuplent le
parc. Les grottes sont disséminées un peu partout dans le parc, on peut s'y rendre en
toute liberté sans qu'il n'y ait trop de monde.
Deux sites principaux renforcent le coté mystique
du parc, "View of the world" (rien que ça, merci Rhodes !) et Malindidzimu
(demeure des esprits bienveillants en Ndebele) ou se trouve la tombe de Cecil John Rhodes.
Si l'homme ne suscite pas forcément mon admiration, voir évoque plutôt mon mépris, le
choix mégalomane du lieu de sa tombe est sans conteste, admirable, à son image. Bien sûr,
ce lieu aurait pu se passer de la dépouille de Rhodes, puisqu'il s'agissait déjà d'un
lieu ou les Ndebele enterraient leurs ancêtres (ironie du sort pour Rhodes qui aura
pillé au nom de la Couronne l'Afrique australe de ses richesses en dupant bien souvent
les Ndebele et se retrouve enterré avec leurs ancêtres).
Il n'en reste pas moins que la colline est superbe, et c'est sous un ciel bleu
extraordinaire que s'étale la fameuse vue de "view of the world" jusqu'à
l'horizon. Le soleil écrasant d'hiver est rafraîchi par un souffle diffus de vent, sorti
c'est sûr, de la bouche de Mwari. Seuls les petits lézards aux couleurs arc-en-ciel
viennent troubler quelques instants votre solitude et vos pensées profondes suscitées
par les paysages. Les rochers recouverts d'un lichen protecteur et qui entourent les
tombes semblent avoir été disposés exprès pour ceux qui se reposent éternellement,
pour ceux qui admirent le spectacle de la nature et se sont abandonnés dans une
contemplation pérenne.
Le parc est très facilement accessible, à un quart
d'heure en voiture de Bulawayo, la circulation sur les pistes peut se faire sans 4X4. Le
relief est cependant important et nous avons renoncé à quelques passages vertigineux à
certains endroits à cause de notre véhicule classique, sans cependant avoir le sentiment
de n'avoir pu accéder à un endroit immanquable. Les logements sont multiples dans le
parc pour ceux qui souhaitent effectuer des randonnées sur deux ou trois jours.
Aussi, si vous êtes à Bulawayo, ne manquez pas ce site
splendide, qu'on ne retrouve nul part au Zimbabwe, ni en Afrique Australe.
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