3- Autorité et pouvoir:
Il est difficile d'établir des
généralités sur la spécificité de la statuaire en Afrique du Sud.
Alors qu'on la croit peu importante, les poteaux de palissade des
Lobedu ou les figures d'initiation des Tsonga tendent à prouver le
contraire.
Ce poteau à
personnage provient de la palissade entourant la cour khoro de la
capitale des Lobedu (Drakensberg) ou résidait la reine Modjadji,
célèbre en raison de ses pouvoirs de faire tomber la pluie. Le
khoro, arène circulaire est le domaine des hommes essentiellement. On
y jugeait les cas litigieux, on s'y rassemblait pour les manifestations
cérémonielles. Les poteaux sculptés étaient apportés par ceux qui
prêtaient allégeance à Modjadji. Ils rappelaient visuellement les
liens sociaux et politiques. Chaque poteau était sculpté par un
artiste particulier à partir de références culturelles communes. Ce
poteau représente (début XXème siècle) représente une femme à la
coiffure lobedu caractéristique des jeunes filles initiées,
signifiant l'importance des femmes et de leur fécondité, thème
récurrent lors des rites d'initiation et autres cérémonies. Au
cours des années 60, le système tribale se transforma, bouleversant
les relations politiques qui gravitaient autour du khoro. Les
traditions esthétiques associés subirent un déclin
prévisible.
4- Se rapprocher des ancêtres:
Parmi
les objets mobiliers sculptés, les appuis tête figurent parmi les
objets les plus beaux de l'art Sud-Africain. On peut en distinguer,
malgré la grande diversité de style et de genre, de trois
sortes:
Tout d'abord ceux des communautés sotho-Stwana assez massifs dans
leur formes, tantôt suggérant une forme animalière, tantôt une
forme géométrique ajourée.
Les appuis tête des Nguni du Nord sont caractérisés par l'image du
boeuf ou du taureau de façon explicite ou métaphorique.
Les appuis tête tsonga établissent une riche transition entre ceux
des Shona du Zimbabwe et ceux des Nguni offrant une vision
transculturelle de la statuaire.
Très admirés pour leurs formes élégantes et intéressantes, les
appuis tête revêtent pour leur propriétaire une signification autre
que leur simple fonction pratique. Il permettait de se rapprocher des
esprits des ancêtres qui s'intéressent à leur descendant et
communiquent par le biais des rêves (l'absence de rêve est source
d'angoisse car elle engendre un sentiment d'éloignement des ancêtres).
Instrument du sommeil et par conséquent strictement personnels, les
appuis tête avaient aussi pour rôle de relier l'individu au groupe
social (tjrs a travers le royaume des ancêtres). L'importance de ce lien
se reflète dans l'utilisation de matières précieuses pour les
décorer et renforce outre leur signification individuelle, la valeur
symbolique d'objet de pouvoir.
5- Expressions des identités
individuelles et collectives.
Confrontées
à une idéologie politique qui ne reconnaissait que l'existence de
races et de cultures différentes, les communautés noires n'eurent
souvent d'autres choix que de renforcer, recréer des traditions ayant
pour but d'afficher une image immédiatement perceptible
d'elles-mêmes, justifiant ainsi leur droit à le terre. L'apartheid
en institutionnalisant la séparation des groupes ethnolinguistique a
exacerbé les processus de différenciation culturelle. Les marqueur
identitaires ne manquent pas, les peintures murales, les vêtements,
objets de parure... mais aussi avec les poupées de fertilité que
l'on retrouve dans beaucoup d'ethnies africaines (Basotho, Ashanti au
Ghana, Ntwane...). Construite en fibre végétales tressées, laine ou
peau, boutons et perles, elles sont transmises de mère en fille.
Elles sont également présentes au moment des compétitions de danse
des jeunes gens qui vont déterminer leur chef de groupe.
Conclusion: Le développement de
la Nouvelle Afrique Du Sud, fondée sur l'idée d'une renaissance
africaine noire, est omniprésent. L'art joue et jouera un facteur de
révélation des cultures et se verra peut on l'espérer dans son
évolution, être un révélateur de rapprochement des communautés
entres elles. L'exposition Ubuntu nous aura révélé pour un
temps les richesses passés de l'Afrique Du Sud et pourra également se
poursuivre pour ceux qui le désirent, sur la découverte de l'art
actuel pratiqué en Afrique du Sud et de plus en plus présent sur la
scène internationale (artistes sud-africains invités au Palais de
Tokyo à Paris...).
Astrid D.
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