Jurgen Schadeberg a pour objet
d'étude la vie des quartiers noirs de Jo'Burg et
principalement ceux de Sophiatown. Quartier bouillonnant alors d'activités et
de vie culturelle et sociale foisonnante, l'œuvre de ce brillant
photographe se concentre sur une période de l'histoire plutôt heureuse
des noirs sud Africains. Avant l'Apartheid,
l'idéal de Sophiatown n'avait rien de superficiel... la suite,
on la connaît, de la création de Soweto à l'exode des populations,
la page se tourne sous l'objectif de Jurgen Schadeberg.
Ne manquez pas la sublime photo de Sol Rachilo qui fit la couverture
du Drum Magazine en 1958, ainsi que celle des petits joueurs de flûte
(53) qui nous font entrer de plein pied dans l'exposition.
La suite nous emmène vers Ernest
Cole et sa série de superbes épreuves en noir et blanc qui auront
fait le tour du monde. Ce sont des photos témoignages qui marquent la
mémoire, comme celle d'une femme assise innocemment sur un banc
"White only".
Suivent les épreuves couleurs de
Sartu Mofokeng de 1992. Des mineurs qui cherchent à extraire l'or du
pays, aux flous des énormes tracks.
Jodi Bieber nous offre un ensemble
sur la vie de "Steytler Street" dans le quartier de Westbury au sein de
Soweto. Les Fast Guns (aussi appelés les FBI's) affrontent le gang
rival les Varados et draine son chapelet de violence intense depuis
les années 60. Reflet, image, tristesse de Westbury connu sous le nom
de Kas (prison en afrikaans). Règlement de compte entre gangs sous
ses diverses formes, drive-by-shooting, funérailles, blessures...
David Goldblatt expose une magnifique
série d'épreuves aux sels d'argent.
Photographe documentaire le plus connu d'Afrique Du Sud, il explore de
façon implacable les strates qui forment son environnement immédiat.
Maître d'un éclairage sauvage et dur, il a su créer dans ses photos
des lumières éblouissantes et des pans d'ombre d'une intense douceur
et profondeur. Son oeuvre déroutante pour qui ne se serait pas
accoutumé à sa violence, peut être domptée pour révéler ses
secrets les plus raffinés. Ses portraits d'hommes et de femmes sont
excessivement touchant dans ce que le photographe arrive à nous faire
partager sur la société sud Africaine. Ces blancs qui haïssent les
noirs mais dont la vie serait tout autre si aucun partage n'avait
lieu.
Nous retiendrons la photo de Lawrence
Matjee, 15 ans, après qu'il ait été battu et emprisonné par la
police de sécurité à Khoto House, Johannesburg le 25 octobre 1985.
Lawrence Matjee, frappé si violemment aux mains que ses deux poignets
sont fracturés. Jeu de lumière, contraste violent entre les plâtres
aux poignets du garçon et la couleur de sa peau, son regard profond
et en arrière plan la fenêtre presque occultée.
Mais aussi celle du chauffeur et de sa Dame, d'Hillbrow 1975 pour sa
lumière et ses sujets, incroyablement dénudés, authentiques,
criants de vérité face à l'objectif de David Goldblatt.
Enfin, autre temps, autre époque, la
fin de l'Apartheid est couverte par Jane Alexander et ses clichés
"African Adventure".
Merci à la Maison Européenne de la Photo pour cette initiative
heureuse qui permet aux parisiens de se pencher sur l'Afrique Du Sud
dans ce cadre original et de très grande qualité !
Le mois de la photo à
Paris: www.mep-fr.org/moisdelaphoto/fr
Astrid DeRyckx
[retour accueil]
|