Les
Artistes d'Afrique Du Sud
Dans
leur domaine, ils ont eux aussi contribué à améliorer la vie Sud
Africaine et à faire connaître leur Nation au delà des
frontières.
Johnny Clegg et Sipho Mchunu: Chanteur
Miss Thandi: Gregory
Maqoma: Danseur
Abdullah Ibrahim: Musicien Jazz
Miriam Makeba: Chanteuse
"La voix de l'Afrique du Sud"
Kay Hassan: Photographe et Plasticien.
Johnny Clegg et Sipho Mchunu :
Jonathon Clegg est né le 7 juin 1953 à Rochedale, dans la
banlieue de Manchester en Angleterre. Sa mère est musicienne et
tente de percer comme chanteuse au sein de groupes de jazz.
Dès sa plus jeune enfance, Johnny Clegg va parcourir le monde, ainsi
à l'age d'un an, sa mère et grand mère l'emmène vivre en Israël.
Et puis, ce sera l'Afrique Australe et notamment le Zimbabwe dès
1955. Les souvenirs qu'il évoque de cette période sont heureux, un
peu comme un enfant sauvage, Johnny Clegg vit dans une grande ferme à
Silukwe durant cinq ans.
Sa mère Murial Braudo Clegg se remarie avec Dan Pienaar, un
journaliste d'investigation spécialisé dans les enquêtes
criminelles et aux dires de Johnny Clegg, un grand intellectuel
afrikaners qui va lui ouvrir les yeux sur le monde dans lequel ils
vivent. Les Clegg emménagent en Afrique Du Sud, non loin de
Johannesburg. C'est aussi à cette époque de sa vie que Dan emmène
Johnny dans les township déshérités comme celle d'Alexandra, son
éducation passe par la connaissance de ce qui se trame loin de son
milieu et de son école de blancs.
En 1964, Dan Pienaar est muté en Zambie, une année de bonheur
pour Johnny Clegg, ivre de liberté, loin des contraintes et des
tensions que suscitent l'apartheid, il est scolarisé
dans une école mixte (blancs/noirs) et jouit à Lusaka d'une totale
liberté. Mais l'année se termine et le retour à Johannesburg en
1965 s'avère difficile mais obligatoire.
En 1967, la rencontre avec Charlie Mzila (né en 1943 à Greytown,
Kwazulul) change la vie
du jeune garçon. Il apprend a jouer de l'Africanised Maskande guitare
et Charlie Mzila lui enseigne le Bhaca dansant. La surprise est totale, loin de la
guitare classique, Johnny Clegg découvre un nouvel instrument fait en
bois d'ananas et de cordes Bellini. Les répétitions commencent et
l'enfant est intégré dans chaque représentation intime des danses
zoulous, il apprend la langue, la musique et le chant au milieu
d'hommes et de femmes qu'il ne voit plus comme des employés de
seconde zone, mais comme des guerriers, des musiciens, des
combattants. En 1968, une première fugue l'emmène en pays Zoulou, il
apprend à manier le bâton de combat et bien qu'arrêté par la
police, il décide alors d'être libre de tout et de surpasser les
difficultés et les barrières de l'apartheid, voyageant dans le pays
au delà du possible, des township ou il garde des souvenirs forts de
braai (barbecue), de femmes aux cheveux pourpres, d'hommes en sandales
zoulou fiers de leur culture, fiers de leur pays.
En 1969, Johnny Clegg rencontre Sipho. Bien que maîtrisant beaucoup
de vocabulaire zoulou, Clegg ne sait former de phrases mais Sipho ne
parle pas anglais et le zoulou va devenir leur langue commune pour
communiquer. Sipho est jardinier, il a quitté sa maison à neuf ans à
la mort de son père pour arriver à Johannesburg. Sa vie
s'avère complètement incroyable, il a 35 enfants dont un qui vit en
France, il a bâtit deux écoles pour sa communauté, il a voyagé
autour du monde et tout cela sans savoir lire ou écrire. Alors qu'il
n'avait pas vu un seul blanc jusqu'à l'age de sept/huit ans, il a
finit par passer sur des chaînes de télé américaines et allemandes
!
Leur amitié suscite beaucoup d'inimités mais ils passent outre la
police, la société, les ségrégations. Bien avant 1976, date de leur première
enregistrement en
radio, ils deviennent une légende urbaine en Afrique Du Sud, ou il
n'était pas pensable qu'un blanc soit seulement ami avec un noir,
encore moins qu'il parle sa langue et sache jouer de la guitare et
danse ensemble. Leur duo se produit le plus souvent dans des soirées
privés, la police veille et ils sont maint fois arrêtés. Clegg est menacé d'être expatrié en
Angleterre plusieurs fois. Mais, ils s'en sortent jouant de ruse et de chance.
La suite, nous la connaissons un peu mieux, Johnny Clegg et Sipho
forme Juluka jusque dans le milieu des années 80, ou ils se
séparent. Là va naître le groupe "Johnny Clegg &
Savuka" de réputation internationale. Entre 1987 et 1989, Johnny
Clegg et Savuka obtiennent les meilleures ventes étrangère en
France, dépassant Madonna, Prince et Michael Jackson. Sipho, de son
coté rentre au Kwazulunatal et va faire prospérer ses affaires, tout
en formant son propre groupe ""Amabhubesi" ("Les
Lions"). Sipho vit aujourd'hui dans sa ferme au Natal, avec ses
trente six enfants et six femmes !
En 1996, Johnny Clegg travaille à un nouvel album souvenir avec Sipho.
Johnny a été nommé "Chevalier des Arts et des lettres" en
France et a été nommé pour un "Grammy" en 1993. Il habite
toujours et travaille à Johannesburg où il a écrit plusieurs
ouvrages sur la tradition et la culture de zoulou, ainsi que sur l'Ethno
musique.
Site
de référence: www.johnnyclegg.com
Miss Thandi: Gregory
Maqoma Artiste et
Drag Queen Xhosa.
Gregory Maqoma danse depuis
les années 1990 et a créé sa propre compagnie en 1999. Natif de
Johannesburg en 1960, sa dernière créature artistique, Miss Thandi
est une Drag Queen hors norme qui se produit au sein d'une pièce de théâtre
mêlant danse, musique et vidéo en live.
Quatre musiciens effectue un
solo de 30 minutes pendant que se déroule sur vidéo la vie de Miss
Thandi.
Miss Thandi est un personnage récurent qui avait été représenté
par Raymond Vuyo Matinyana, un artiste Xhosa qui
a vécu en Hollande. Ambassadeur en Europe de sa culture, il a su
partager avec le monde artistique, au delà des frontières, les danses
traditionnelles Xhosa et le chant. Décédé en décembre 2001, Raymond Vuyo Matinyana
méritait que l'on reprenne son personnage, mi homme, mi femme, en
tout cas fascinant.
Abdullah Ibrahim:
Abdullah Ibrahim, de son vrai nom Adolphe Brand avant sa
conversion à l'islam à la fin des années 60, est né au Cap en 1934. A 29
ans, il fuit l'apartheid avec sa femme pour se réfugier en Suisse où
il exercera son art dans les différents clubs du pays avec sa
formation, le "Dollar Brand Trio".
Et puis c'est la rencontre: celle
avec le grand Duke Ellington. Séduit par son phrasé musical, il lui
propose de financer son premier album. Début de la renommée, Abdullah
Ibrahim écume
alors les meilleures scènes et affirme un talent de plus en plus
reconnu.
Dans
son album live "African Magic" (Enregistré en live en
juillet 2001 à Berlin), le trio du pianiste sud-africain Abdullah
Ibrahim nous plonge dans la spiritualité du jazz. L'artiste et son
instrument mènent le dialogue avec ses musiciens (double basse et
batterie) pour nous ouvrir les portes d'un univers riche et intimiste,
un voyage dans un univers à la fois feutré et plein de vie.
"African Magic nous gratifie de 25 morceaux dont quatre petites piqûres
de rappel pour le titre " Blue Bolero " savamment distillées
tout au long de l'album. Un album où il n'oublie pas de rendre
hommage aux deux maîtres du jazz, Duke et Coltrane. Tantôt calme et
paisible, tantôt gorgée d'une énergie contenue, la musique
d'Abdullah garde toujours la même unité. Une oeuvre pénétrante à
savourer, un artiste à découvrir.
Abdullah
Ibrahim, African Magic, Enja Music 2002,
distribution Harmonia Mundi
Miriam Makeba: Chanteuse
"La voix de l'Afrique du Sud" !
Miriam
Makeba est probablement la chanteuse la plus célèbre du continent
Africain. Née en 1932 à Johannesburg, Zenzi de son vrai prénom (diminutif
d'Uzenzile qui signifie, " Tu ne dois t'en prendre qu'à toi-même
") commence tristement sa vie en prison, sa mère pour subvenir
aux besoins de la famille ayant fabriqué illicitement de la bière
est arrêtée durant six mois, alors qu'elle n'a que quelques jours.
Son père meurt lorsqu'elle a cinq ans et son destin bascule avec
celui de tous les Sud Africains en 1948 lorsque les nationalistes
afrikaners gagnent les élections et plonge le pays dans l'arbitraire
et la violence de l'apartheid.
A vingt ans, en 1952, Zenzi Makeba est tout à tour, bonne d'enfants,
laveuse de taxi et vit seule avec sa fille Bongi et sa mère. Elle
commence a chanter et rencontre par hasard les "Cuban
Brothers" et les "Manhattan Brothers" qui la rebaptise
"Miriam".
En 1959, à 27 ans, Miriam Makeba quitte en toute l'égalité
l'Afrique du Sud sans savoir qu'elle ne pourra y retourner et qu'elle
sera banni dans son pays. Arrivée aux États Unis, elle est
parrainée par Henry Belafonte qui lui donne sa chance un soir de
1959. En quelques semaines, elle devient une star et côtoie Marlon
Brando, Duke Ellington, chante au Madison Square Garden avec Marilyn
Monroe pour l'anniversaire de JFK: "
J'étais très honorée, mais le lendemain, j'épluchais mes légumes
dans ma cuisine " confie-t-elle au journal français "Libération".
En 1960, sa mère meurt, Miriam Makeba apprend sans aucune explication
qu'elle est interdite de séjour et ne peut donc assister aux obsèques
de sa mère.
Un exil de plus de trente ans
commence. Elle ne cessera de prononcer des discours anti-apartheid et
d'appeler au boycott de l'Afrique du Sud devant les Nations Unies.
Elle chante en zoulou, en xhosa, en tswana. Ses mélodies chantent la
tolérance, la paix et le devoir de mémoire. Elle vit partout, libre
et traquée, aux États-Unis, en Guinée, en Europe. Elle est devenue
le symbole de la lutte anti-apartheid, avant même Nelson Mandela.
Dans ses chansons, pas l'ombre d'une amertume, aucune pointe de
cynisme, mais une dignité à toute épreuve. Et son talent de
chanteuse de jazz la place à la même échelle qu'Ella Fitzgerald,
même sens du swing, même maîtrise vocale, même pureté de voix. Du
jazz, traditionnel, gospel ou fusion,
elle développe, en anglais ou en zoulou, une impressionnante palette
de style.
Aujourd'hui, Miriam
Makeba reste sidérée de voir certaines régions d'Afrique
s'entretuer, elle qui rêve depuis toujours d'une grande Afrique unie.
Pour son pays, elle exhorte ses frères noirs au pardon. "
Il faut nous laisser grandir. L'Afrique du Sud n'a que sept ans
d'existence. Les Noirs et les Blancs doivent apprendre à se connaître,
à vivre ensemble. "
Celle qui a toujours défendu
bec et ongles son statut de chanteuse plutôt que celui de femme
politique continue son combat sous une forme nouvelle. Elle s'occupe
de l'insertion des jeunes filles des townships en difficulté, en
favorisant l'ouverture de maisons d'accueil.
Elle est retournée vivre, il y a cinq ans, à Pretoria, à
quelques pas de là où elle vécut enfant. Il y a quelques mois, elle
était venue rendre visite à son public parisien, pour un concert
chic à l'Olympia, histoire de montrer qu'elle est encore debout, à
soixante-huit ans. Une légende vivante qui trimbale tout à la fois
une incroyable juvénilité et la lassitude de ses ravages intérieurs.
A découvrir si ce n'est
déjà fait chez vous: Miriam Makeba, The definitive collection,
distribution Saint George (Sony) 2002
Kay Hassan: Photographe et Plasticien.
Né en 1957, Kay Hassan s'est fait remarqué pour ses créations au
Palais de Tokyo lors de sa réouverture en janvier 2003. Son oeuvre est
celle de la reconstitution d'une rue de Jo'Burg. Ses photos ont le
pouvoir de vous happer vers cet autre monde, les regards des portraits
sont saisissants, les scènes de rues sous le soleil ne vous lâchent
plus ! Accrochées sur des murs de briques rouges au pied desquels Kay
Hassan a disposé des ordures, une valise, des objets de la vie
quotidienne, des emballages de nourriture, la rue de Jo'Burg dans ce
qu'elle a de beau et de laid est pleine d'émotion et rend perplexe sa
traversée.
Kay Hassan à reçu en 2001 le
prestigieux Prix "Daimler/Chrysler" pour l'art contemporain en Afrique
du Sud. Ce qui lui a permis de monter une exposition qui s'est baladée
de Stuttgart à Berlin et de Pretoria à Cape Town. Le jury du Prix a
salué dans l'œuvre de l'artiste, " la recherche de connexion
entre le privé et le public, le politique et l'artistique, le
sociologique et le psychologique ".
Son atelier à
Johannesburg ressemble à une usine abandonnée. Enfouie dans un no
man's land industriel d'entrepôts désertés, c'est là qu'il
approfondit son travail sur les rues urbaines. Un travail audacieux
qui mêle photographie, vidéo et installations intégrant des objets
trouvés et des " constructions " massives en papier, trop
grandes pour l'espace de certains musées.
[Retour
Accueil]
|